Existe-t-il un lien entre anxiolytiques et Alzheimer ?

Nous revenons sur la question dérangeante posée par les papiers de Pour la Science et celui du Nouvel Observateur. Une question qui a toute sa place au moment où l’on discute économie et approches de santé publique en France.  L’étude qui met les pieds dans le plat a été réalisée par une équipe franco-canadienne, qui a mis en évidence une corrélation importante entre le développement de la maladie d’Alzheimer et la consommation de benzodiazépines.


Comme le rappelle le Pr Bernard Bégaud, responsable de l’étude et directeur de l’U657 INSERM, il y a en France près d’une personne âgée (de plus de 65 ans) sur trois qui consomme des anxiolytiques, souvent de façon prolongée – pendant plus d’une année consécutive. Il faut ajouter que 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine dans leur vie.

« Nous avons étudié 1 796 patients victimes de la maladie d’Alzheimer et 7 184 personnes non touchées, grâce aux données de la Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ) » explique Bernard Bégaud. « Nous avons trouvé que les patients atteints avaient consommé bien plus de benzodiazépines que les autres. La prise de ce médicament pendant trois mois en durée cumulée augmenterait d’environ 40 % le risque de développer la maladie. L’accroissement serait de plus de 80 % pour une consommation supérieure à six mois. »

A la question, « faut-il arrêter de prescrire des benzodiazépines ? », il répond : « Non, mais il faut mieux prendre en compte le rapport bénéfice/risque. Ces médicaments sont prescrits de façon trop systématique, souvent sans vérifier d’autres facteurs d’insomnie, tels que la consommation de café. Les organismes de santé conseillent déjà de limiter leur utilisation à deux semaines consécutives, afin d’éviter une accoutumance (susceptible de provoquer de graves crises de sevrage lors de l’arrêt du traitement) et une perte d’efficacité. Nous avons montré que si ces recommandations sont respectées, le risque d’Alzheimer n’augmente pas.

Nous pouvons ajouter que du point de vue des médecines complémentaires et alternatives, il existe des alternatives « écologiques » aux anxiolytiques, soit dans le domaine de la prévention (nutrition, attitude mentale et comportementale…), soit en accompagnement pour réduire l’anxiété via les psychothérapies, la sophrologie ou encore la méditation de plein conscience. (Voir notre papier : Lutter contre l’insomnie : 6 choses à savoir)

Il serait intéressant, suite à des études de ce type, d’ouvrir le débat sur le sujet pour réduire les déficits de santé publique et pour améliorer la vie des gens…


Photo : Tom (cc)