Super aliments : réalité ou promo marketing ?

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Il faut mieux informer et former les consommateurs

«Il y a certainement beaucoup de battage médiatique autour de nombreuses tendances, mais les consommateurs ont assez de bon sens pour faire la part des choses entre les revendications exagérées et la réalité», explique Ryan Therriault, vice-président du marketing à Amazonie, une marque de baies d’Açaï  qu’il va bientôt lancer au Royaume-Uni (NDLR : L’açaï, ce petit fruit vendu à prix d’or, n’a aucune vertu amaigrissante connue ni prouvée. Rien dans l’usage traditionnel de l’açaï par les indigènes d’Amazonie ni dans la maigre documentation scientifique s’y rapportant ne permet d’affirmer qu’il peut avoir une quelconque influence sur la perte de poids).

Therriault ajoute que sa société est «très consciente» du risque de « greenwashing » (l’écoblanchiment ou  procédé de marketing utilisé par une organisation dans le but de se donner une image écologiquement responsable) et du manque de compréhension des consommateurs au sujet des revendications comme «naturel» ou «bio», qui sont la raison pour laquelle il accepte les certifications rigoureuses, tels Ecocert et Fair Trade.

« Au moment où les consommateurs montrent un intérêt grandissant pour l’alimentation saine, la demande des superaliments est également stimulée par le désir d’essayer de nouvelles saveurs », explique Stephanie Pauk, analyste mondiale des sciences de la nourriture chez Mintel.

Les allégations de santé induisent de la confusion

Dans le même temps que les superaliments ont gagné en popularité, ils ont aussi suscité des critiques. Jeffrey Blumberg, professeur de nutrition à l’Université Tufts, Boston, affirme que le mode de commercialisation des superaliments peut créer de la confusion des consommateurs, parce que le mot « super » implique qu’il vaut mieux que les autres aliments.

«Superaliments peut signifier tout ce que vous souhaitez, » dit-il. « Chaque aliment est unique et baies de goji et les graines de chia sont très bien – mais ils sont juste un autre choix de nourriture. »

«On ne vous annonce pas que les pommes, les oranges et les bananes sont des superaliments, bien qu’ils soient aussi riches en nutriments, » poursuit-il.

Selon la fondation International Food Information Council (IFIC), les consommateurs prennent plus de soin pour améliorer leur régime alimentaire. Près de neuf Américains sur 10 (86%) sont intéressés à en savoir plus sur les aliments qui présentent des avantages pour la santé, au-delà de la nutrition de base, et connue sous le nom d’aliments fonctionnels.

Les gens veulent prendre le contrôle de leur santé, mais devant ces promotions confuses façon « formule magique», il est nécessaire de faire une information éthique, claire, voire une formation des publics aux propriétés avérées ou non de « ces nouveaux aliments ». On attend toujours en France, à l’école notamment, qu’une formation de base sur l’alimentation, la nutrition et la diététique soit faite.

Source : « Quinoa, chia seeds and kale: superfoods or supermarketing? » by Sarah Shearman – The Guardian.


Photo : happy_serendipity (cc)