La dépression affecte votre capacité à penser

Quand vous pensez aux symptômes de la dépression clinique, vous pensez probablement en premier lieu à la sensation de tristesse; la perte votre énergie et le manque d’intérêt pour les choses que vous aimez d’habitude; vous dormez trop ou trop peu, et mangez également trop ou trop peu. Mais la dépression peut également changer votre capacité à penser. Elle peut nuire à votre attention et à votre mémoire, ainsi qu’au traitement de l’information et à la prise de décision. La dépression peut aussi réduire votre flexibilité cognitive (la capacité d’adapter vos objectifs et stratégies aux situations changeantes) et à vos fonctions exécutives (la capacité de prendre toutes les mesures pour faire quelque chose).


Pour les personnes souffrant de dépression sévère, les médicaments peuvent apporter un certain soulagement face à la baisse de l’humeur et de l’énergie, renforcer la motivation pour se livrer à des activités, et aider à retrouver un sommeil et des habitudes alimentaires normal.

Mais nous ne savons pas si les antidépresseurs traitent les troubles cognitifs liés à la dépression.

Une équipe internationale de recherche a récemment tenté de répondre à cette question dans le cadre d’une vaste étude sur le traitement de la dépression. Leurs résultats ont été publiés dans « The Lancet » le mois dernier.

Pour étudier l’effet de trois antidépresseurs communs sur la déficience cognitive liée à la dépression, les chercheurs ont demandé à plus de 1000 personnes souffrant de dépression qui prenaient soit de l’escitalopram (Lexapro), de la sertraline (Zoloft) ou du venlafaxine-XR (Effexor XR) de réaliser toute une série de tests cognitifs.

En résumé, aucun des 3 antidepresseurs n’a apporté de réponse positive pour le traitement des troubles cognitifs liés à la dépression.

Parmi ces patients, 95% ne présentaient aucune amélioration sur l’un des troubles cognitifs mentionnés ci-dessus, et aucun des trois médicaments était mieux que les autres sur l’amélioration des symptômes cognitifs.

Ce résultat n’est pas vraiment surprenant – les antidépresseurs sont principalement destinés à aider à améliorer l’humeur et accroître la capacité à participer à des activités bénéfiques et agréables, deux aspects clés du traitement de la dépression. Il est également intéressant de noter que différentes parties et processus du cerveau sont responsables du fonctionnement cognitif; ce qui peut expliquer pourquoi les trois médicaments testés ne semblent pas aider à améliorer les symptômes cognitifs. En revanche de nouveaux médicaments pour la dépression peuvent être en mesure de répondre à ces symptômes.

Au-delà des médicaments, les thérapies orientées solution peuvent former les « dépressifs » sur de nouvelles techniques pour améliorer leurs compétences en résolution de problèmes, et la thérapie cognitivo-comportementale peut enseigner et permettre d’identifier les distorsions cognitives qui entretiennent des émotions négatives.

Une autre approche, la thérapie de remédiation cognitive, utilise des exercices pratiques pour améliorer la mémoire et le fonctionnement « exécutif ». La combinaison de ces interventions comportementales avec des antidépresseurs peut donner de meilleurs résultats pour améliorer les troubles cognitifs liés à la dépression.

Il existe toutefois des limites à cette étude: on ne sait pas si les participants avaient des troubles cognitifs avant de développer une dépression, et la durée du traitement et suivi médicamenteux a été assez courte – huit semaines au total.


Cependant, cette étude est importante dans la mesure ou les symptômes de déficience cognitive de dépression ont souvent été sous estimés ou occultés – et ne sont pas nécessairement la cible du traitement médicamenteux pour la dépression. Cela montre que nous avons encore un long chemin à parcourir pour aider les personnes souffrant de dépression….