Les huiles essentielles au secours du bien-être
Série témoignages
L’hôpital et le bien-être : ces deux termes vous semblent parfois incompatibles ? Et bien, détrompez-vous ! C’est au mois de mai que débute notre expérience dans une clinique marseillaise, en service de chimiothérapie… La demande est venue des patients qui se plaignaient d’odeur d’hôpital, de ces odeurs « chimiques » typiques des couloirs de lieux de santé.
L’équipe soignante, plutôt innovante a donc fait appel aux services d’une aromatologue, également formatrice en aromathérapie, Noëmie Xueref. Pour elle, le but de l’expérimentation était de faire entrer l’aromathérapie en clinique pour tester son apport sur le bien-être global des patients. Une question lui fut bien évidemment posée : pourquoi diffuser des huiles essentielles alors que l’on peut très bien diffuser des sprays de parfums synthétiques ? Sa réponse : « les patients en milieu hospitalier et notamment en chimiothérapie sont déjà bien assez en contact avec des médicaments et produits chimiques, c’est pourquoi je conseille vivement une diffusion d’huiles essentielles qui se fera par intermittence dans la journée avec des odeurs agréables et naturelles plutôt qu’un parfum de synthèse sans intérêts olfactifs ni thérapeutiques et dont le parfum s’estompera très rapidement… »
La première étape a été de former l’équipe soignante sur les huiles essentielles et faire passer le message qu’il n’y a pas de mauvaises huiles essentielles il n’y a que les mauvaises connaissances de ceux qui les utilisent. Puis, des diffuseurs ont été installés dans toutes les chambres. Elle précise : « J’ai composé 3 synergies (mélange de plusieurs huiles essentielles) et avec l’équipe soignante nous avons décidé de mettre une synergie différente par chambre. »
Noëmie vient prendre des nouvelles quelques jours plus tard : le sentiment est mitigé. « Après analyse, explique-t-elle, nous avons observé que les diffuseurs n’étaient pas pratiques, le personnel soignant perdait trop de temps à les remplir tous les matins. Les 3 synergies diffusées en même temps dans les chambres s’étaient aussi dispersées finalement dans le couloir et le mélange des odeurs était trop prenant. Le personnel soignant a donc pris l’initiative de n’utiliser qu’une seule synergie par semaine et cela dans toutes les chambres ! Cette harmonie semble avoir convaincu les patients comme les soignants.
« Il est important de changer de synergie, car il ne faut pas que le patient s’habitue à une odeur spécifique » ajoute Noëmie. « En effet si l’utilisation est trop régulière la personne associera inconsciemment cette odeur à l’hôpital et tout l’effet de bien-être sera alors annulé. Changer toutes les semaines et ne pas mettre qu’une seule huile, mais une synergie permet de garder ce plaisir olfactif… De plus nous avons amélioré le système : les diffuseurs ont été changés, ils fonctionnent à présent en ventilation à froid et ne nécessitent plus d’eau. »
Mais les huiles essentielles, ce ne sont pas uniquement des odeurs. « Mon projet est d’intégrer les huiles essentielles en milieu hospitalier également pour leurs vertus thérapeutiques », insiste notre guide. « Je travaille également en pharmacie, et je vois chaque jour l’intérêt grandissant pour l’aromathérapie chez les personnes malades ou en quête de mieux-être. Mais il faut distinguer pour commencer, la Phytothérapie de l’Aromathérapie. La phytothérapie fait essentiellement appel aux plantes (parties séchées de la plante afin d’obtenir des tisanes, des gélules…), alors que l’aromathérapie relève des soins par les Huiles essentielles. Les connaissances aromathérapiques doivent être extrèmenet fines, car sur le million d’espèces végétales existantes sur terre, seuls 10 % sont aromatiques. La plante aromatique est différente, car elle contient des essences, essences qui grâce au procédé de distillation vont nous donner des huiles essentielles. J’ai donc essayé de travailler grâce aux huiles sur un accompagnement permettant de diminuer l’anxiété, tenter de réduire certains effets secondaires, améliorer la qualité du sommeil, assainir l’air et prévenir certaines maladies infectieuses…
Je vais vous donner un exemple : en chambre nous avons testé le Ravintsara, qui au niveau émotionnel est un équilibrant nerveux et prépare au sommeil tout en étant au niveau physique et environnemental antiviral, antibactérien. C’est aussi un stimulant immunitaire. » Un des médecins urgentistes a confirmé l’intérêt de cette huile : « en examinant les chiffres des années où l’on diffusait de l’huile essentielle de Ravintsara dans les chambres, on a remarqué que le nombre d’infections nosocomiales avait nettement diminué. »
Et Noëmie d’ajouter : « nous avons aussi testé une autre huile, la bergamote, très appréciée et qui donne envie d’aller de l’avant tout en étant antibactérienne , antispasmodique et calmante. Pour les espaces d’accueil, elle préconise d’utiliser une synergie à base d’huile essentielle d’encens. Cette huile diminue les angoisses, l’anxiété, soulage les chocs émotionnels et calme les peurs. Au niveau environnemental elle serait antibactérienne, antiseptique, antifongique et cicatrisante.
NX.
À voir aussi : La Bible des huiles essentielles par Danièle Festy, interview.
Photo : DR